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généalogie macobe
3 avril 2018

L'assassinat de Jeanne BENOIT, le 02 avril 1911

Voici le dernier article trouvé dans la presse ( 15/03/2018).
Le radical journal socialiste (Article très différent des autres journaux, de Paris et Province traitant du sujet) ( 26 à ce jour)
Un Drame rue des Gravilliers.
Un tailleur malade tue celle qui lui avait donné la syphilis

L’étroite rue des Gravilliers est célèbre par son bal, sa population pittoresque et sa saleté. Des loques pendant à ses hautes fenêtre, au-dessus de géraniums malades qui essaient de s’épanouir et de voir une lumière triste, des ouvriers qui font leur tour de France voisinent avec des vaillantes ménagères et des familles obligées, vu le prix des loyers, de vivre entassés cinq et six dans la même pièce. On y rencontre aussi une étrange population interlope, camelots, fille du Sébasto et seigneurs en rouflaquettes.
Les uns et les autres s’apprêtaient à faire hier une matinée demi-grasse, peut-être parce qu’on est en carême, mais plutôt à cause de la tiédeur de la température, quand des cris : « A l’assassin ! » furent poussés, et d’une maison sortit comme une trombe un homme qui fuyait, tandis que le concierge et plusieurs locataires le poursuivaient, criant : « Au Secours ! Arrêtez-le ! »
Une femme venait d’être assassinée

Clément Bacholier, tailleur en chambre, 16, rue Séverin, sérieux, rangé, excellent ouvrier, meilleurs homme encore, mais inexpérimenté en amour, s’était laissé séduire par les doux yeux de Jeanne Badoit (Benoit). Elle avait alors dix-neuf ans, un « nez ousqu’il pleuvait dedans », des cheveux noirs plaqués aux tempes, la main leste, le cœur impétueux, de la complaisance et une façon adorable de dire aux clients : « Le veau marengo est bon » ou : « le picolo est excellent ». Bacholier la trouva adorable, le lui dit, le lui prouva.
Certes, elle possédait nombre de qualités, mais une d’elles ne se voyait pas, et quand le tailleur la connut il fut terrifié : Jeanne était syphilitique. Quand maître Pangloss acquérit ce mal qui répand la terreur, il remonta à la source, pour notre agrément ;
le pauvre malade se contenta de faire une scène terrible à la malheureuse, garce sans scrupule, hargneuse qui le trompait avec entrain, disant qu’il fallait profiter de s jeunesse. Il la quitta.

Mais le mal minait, lentement, sûrement. Le malheureux allait d’officine louche en médecin. Il y a quelques jours il apprenait que sa maîtresse était depuis quelques temps en ménage avec un brave garçon, Henri Dupois, vingt-sept ans, sommelier. Il essaya de ne pals pense à son malheur, mais comme, il rencontrait parfois Jeanne Dupois (Benoit) il lui fit des reproches sanglants, l’accusant de contaminer encore un pauvre garçon. Elle se moquait de lui, répondant à ses menaces par un rire pointu et méchant.
M. Henri Turot a depuis proposé une loi assimilant la contamination aux coups et blessures avec ou sans préméditation. Bacholier n’aurait pas recouru à la justice, car les pauvre la redoutent, non sans raison, d’ailleurs. Toute peine méritant salaire, à son idée, il résolut de payer la dette qu’il avait contractée auprès de son amie.

Voilà pourquoi, hier, après avoir enfoncé sa porte d’un coup d’épaule, il troua trois fois la poitrine de Jeanne Badoit (Benoit), qui, la chemise souillée de sang trouva la force de se lever et d’appeler à l’aide.
On sait comment la chasse à l’homme s’organisa. L’assassin entra dans l’église Notre-Dame-Des-Champs, troublant la messe. Il s’enfuit par une petite porte, tandis que la foule passait en rafale au milieu des vieilles dames et des fidèles stupéfaits.
Arrêté par des sergents de ville, rendu furieux par les cris de mort rugis derrière lui, tel un sanglier pourchassé par une meute, Bacholier se défendit. A coups de pied, à coups de poing, à coups de tête. Deux agents furent blessés par lui. La foule le réduisit à l’impuissance. Il fut amené au poste le visage en sang, les vêtements en loques. La justice populaire avait fait son œuvre.
Il était si surexcité, si furieux d’avoir été maltraité qu’on dut lui passe la camisole de force.
Le cadavre de la victime a été envoyé à la Morgue.

Note : Henri Turot (1865-1920), est un journaliste français qui a collaboré au Journal et à la Petite République, par ailleurs député socialiste et conseiller municipal de Paris.

 

Jeanne est née au Creusot ( Saône et Loire)

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